Restauration rapide 2050
Futur, questions, fictions

 

« Nous sommes ce que nous mangeons parmi ce que les autres veulent nous faire manger. »
Déclaration de Michel Onfray, lors du discours inaugural de l’Université populaire du goût d’Argentan, en février 2011.

Quick Lab

Cette exposition s’inscrit au terme d’un partenariat collaboratif conventionné entre le groupe Quick et dix écoles d’architecture et de design, en France et en Belgique, sous le parrainage du VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement). Pendant un semestre, les étudiants, encadrés par leurs professeurs, des collaborateurs du groupe et des intervenants extérieurs, ont imaginé l’avenir de l’entreprise, sous l’angle le plus large possible : architecture, identité visuelle, packaging, stylisme, nouveaux services, goût et design culinaire.

Futur versus prospective

La marque a aujourd’hui quarante ans. Mais plus que de célébrer en grandes pompes un anniversaire – joli prétexte, somme toute –, il s’agit surtout pour elle d’aller à contresens de son mode de fonctionnement commercial raisonné, pour plonger, sans restriction aucune, ni a priori, dans le futur. Un exercice de prospective particulier, donc, d’anticipation plus que de prévision : l’élaboration fictive d’un potentiel modèle de consommation. Lorsque Quick implante la restauration hamburger en 1971 – son concurrent direct arrive en 1978 en Belgique, et en 1979 en France –, l’entreprise bénéficie de l’engouement pour le modèle américain – jugé nouveau, joyeux, transgressif – introduit en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Abordable et populaire, il touche le plus grand nombre pour devenir un modèle de consommation alimentaire banal, aujourd’hui simultanément plébiscité et décrié, et détenant un pouvoir économique et social non sans conséquences.
Il n’est donc pas uniquement question ici de déterminer quel sera le goût ou la forme du sandwich en 2050 – la prévision suffit –, mais d’élaborer des perspectives critiques, de mettre en place une réflexion globale, un dialogue ouvert sur les mutations des pratiques sociales, urbaines, environnementales, économiques et technologiques. Et ce, avec toutes les ambiguïtés que comporte un tel processus. D’autant plus que celui-ci cristallise avec beaucoup d’urgence plusieurs questions essentielles, dont une centrale et sensible, préalable indispensable à toute pensée d’un modèle de consommation alimentaire : comment assurer la subsistance ? Comment produire, distribuer et manger ? Mais surtout : qu’est-ce qui, au-delà de la pomme de terre, grésillera dans nos friteuses ? À quoi aspirons-nous ? Quelles expériences nous transmettrons-nous les uns aux autres ? 2050 est loin… et très proche. Comment construire les représentations ? Les pratiques et les usages ? Sur quelles bases ? Avec quels les enjeux ?
Autant de questions qu’abordent sans retenue les scénarios, aux limites de la science-fiction, des projets sélectionnés. Nous les avons classés selon quatre thématiques : production et approvisionnement, lieu, temps pour finir sur le goût au fil d’un parcours culinaire.
À vous, dès lors, d’imaginer aussi, un morceau de futur.


Quick 2050, les écoles imaginent les scénarios du futur
Sous la direction de Valérie Raynal, édition Groupe Quick, VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement), avril 2011.
Catalogue d’exposition, extrait pp. 12-13
Éditeurs : Groupe Quick / VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement)